Top Shots : Une société de prises de vues aériennes par drones au Pôle PIXEL !

Top Shots a beau être une nouvelle société de prises de vues aériennes réalisées par drones, ses fondateurs, deux authentiques passionnés d’appareils volants de tournage, n’en sont pas moins des pilotes et des professionnels de l’audiovisuel chevronnés. Pour preuve, Kaamelott d’Alexandre Astier, Reprise en Main de Gilles Perret, Sentinelle Sud de Mathieu Gerault et Slalom le film de Charlène Favier (Longs métrages co-produits par Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma) ou encore le documentaire Everest Green, figurent parmi les productions pour lesquelles Top Shots a été sollicité. 

Rencontre avec son co-fondateur, Antoine de Bièvre.

Top Shots c’est qui, c’est quoi, cela existe depuis quand ?

Antoine de Bièvre : Top Shots se compose de mon associé Simon Bourrat et moi-même. Notre spécialité se situe principalement dans la réalisation de prises de vues aériennes par drone pour le cinéma, la fiction TV, la publicité et le film documentaire. Nous développons également des outils et des techniques sur mesure pour nos clients. Notre collaboration a débuté en 2018 et la société a été créée en 2021.

Quel est le parcours d’un opérateur de prises de vue pilote de drone ?

Antoine de Bièvre : Je crois que c’est une histoire de passion. Simon Bourrat et moi sommes pilotes de drones depuis 2013, cela fait donc déjà un moment que nous sommes opérationnels dans ce secteur. Nous sommes également pilotes certifiés par la Direction Générale de l’Aviation Civile. Nous avons travaillé pour différentes sociétés avant de créer notre propre structure. Mais avant d’être « dronistes », nous étions déjà des professionnels de l’audiovisuel, nous fréquentons les plateaux de tournage depuis une dizaine d’années en tant que cadreurs ou chefs opérateurs au sol. Nous avions déjà acquis des compétences et un réseau dans ce domaine.

J’ajouterais aussi que, pour ma part, j’étais déjà pilote d’avions, de planeurs et d’hélicoptères RC. J’ai donc rapidement développé une double compétence dans l’image et le pilotage d’appareils, des aptitudes pré-requises pour exercer ce métier.

Antoine de Bièvre & Simon Bourrat, Top Shots.

Comment et quand vous-êtes vous rendu compte qu’il y avait un marché de la prise de vue par drone qui se développait ?

Antoine de Bièvre : On peut dire que l’avènement public des drones a commencé en 2009. A l’origine, tout vient de deux ingénieurs allemands qui ont commencé par bricoler des appareils dans leur garage. Comme j’étais passionné, j’observais depuis le début ce qui se passait dans ce domaine. J’ai très vite su qu’il s’agissait d’un marché sur lequel je voulais me positionner professionnellement. Je me suis lancé quatre ans plus tard après avoir regardé attentivement les évolutions dans ce secteur à l’époque. Il faut savoir que le moment où les images par drone sont devenues très populaires se situe entre 2013 et 2015. A ce moment-là j’étais salarié et Simon était intermittent. En faisant nos premières armes dans diverses structures, nous avons vu l’intérêt que portaient les acteurs de l’audiovisuel pour ces techniques et nous avons décidé de lancer notre société.

En matière de production audiovisuelle quelle est la spécialité de Top Shots ?

Antoine de Bièvre : Notre activité est assez diversifiée. Nous avons notamment participé au tournage de Kaamelott d’Alexandre Astier, sur Reprise en Main de Gilles Perret et aussi avec Charlène Favier sur Slalom, qui était en sélection officielle au Festival de Cannes 2020.

Côté documentaire, Simon a travaillé sur différentes productions notables, comme Everest Green de la société Block 8 Production qui est basée à la Croix-Rousse. Pour ce film qui traite de la gestion des déchets de l’Everest, il est parti au Népal pendant deux mois avec l’équipe de tournage. Il a également collaboré au documentaire produit par Mona Lisa Production, une autre société lyonnaise, qui s’intitule Papouasie, au cœur d’un monde perdu de Christine Tournadre.

Et aujourd’hui, quelle est votre actualité ?

Antoine de Bièvre : Je travaille actuellement sur un documentaire Arte produit par la société parisienne ZED. Il s’agit de la reconstruction de Notre Dame de Paris. C’est un film qui cultive une approche scientifique. Cela veut dire utiliser les techniques de l’archéologie moderne pour étudier et comprendre les méthodes de construction de l’époque, se pencher sur les matériaux qui seront utilisés pour la reconstruction, etc. Grâce aux drones on peut atteindre des endroits quasiment inaccessibles actuellement, c’est un véritable atout et cela permet d’innover dans les procédés techniques. Au niveau de la recherche, le drone est également un outil qui offre un grand potentiel. Un exemple : avec les chercheurs du CNRS nous avons pu faire des inspections et explorer les détails d’assemblage sur les croisées d’ogives de la cathédrale. Le drone se transforme alors en outil scientifique.

Top Shots sur la reconstruction de Notre Dame de Paris.

Alors justement, comment ça se passe un tournage avec les drones ?

Antoine de Bièvre : Le plus souvent, nous travaillons en binôme, le pilote maîtrise la trajectoire du drone et le cadreur est en charge des mouvements de caméra, une bonne synchronisation est essentielle pour réussir les prises de vues ; c’est un travail d’équipe. Vis à vis des productions, notre enjeu est double ; nous devons répondre à la fois aux besoins techniques de l’équipe image mais aussi aux besoins narratifs de l’équipe de mise en scène. Les drones sont devenus des outils à raconter des histoires au même titre qu’une caméra sur un travelling ou une grue…

Sur certains tournages comme celui de Notre Dame, nous avons la possibilité de proposer de nouveaux procédés techniques et ainsi de créer des images différentes de celles généralement produites avec les drones, Vincent Amouroux, le réalisateur est très demandeur de ces innovations. Pour d’autres tournages, s’il s’agit de commandes, c’est tout aussi intéressant mais moins créatif bien sûr. Nous nous appuyons sur le découpage technique et le scénario pour répondre précisément aux besoins des productions.

Quelle sont ces techniques spécifiques dont vous parliez ?

Antoine de Bièvre : Chez Top Shots nous avons développé des drones FPV, pour « First Person View », sur lesquels nous utilisons des lunettes qui nous permettent d’avoir une vision en immersion. Le pilote devient le drone en quelque sorte, cela permet de piloter de façon plus fine et spécifique. Nous pouvons par exemple voler dans les structures elles-mêmes. D’entrer là où l’humain ne peut pas aller. Sur Notre Dame, cela veut dire voler au milieu des échafaudages, s’approcher des poutres calcinées, etc. La plupart du temps avec les drones plus classiques nous devons naviguer en « drone à vue » et s’approcher avec précaution de la zone à filmer, alors qu’avec ces drones FPV nous sommes plus près que jamais du sujet. Pour cela nous avons développé deux types de drones FPV avec une conception personnelle sur le châssis et la caméra. Notamment sur le  plus petit qui ne pèse que 200 grammes et dont le vol pourrait être comparé à celui d’une mouche. L’autre vole comme une hirondelle, pour filer la métaphore animalière, il va plus vite et il est surtout adapté aux extérieurs.

Nous avons aussi développé un drone équipé d’un projecteur LED de 13.000 Lumens pour faire de l’éclairage dynamique. Une deuxième radiocommande au sol permet de régler l’intensité de la lumière ainsi que l’angle du projecteur en vol. Cela nous a été très utile sur Notre Dame car il y a une partie qui évoque les vitraux, et grâce à ce drone nous avons pu éclairer ceux de la cathédrale de Sens de l’extérieur (Une des premières cathédrales gothiques de France qui a servi de modèle pour Notre Dame, NDR) pendant qu’une équipe au sol filmait l’intérieur du monument éclairé par les reflets mouvants des vitraux sur les murs. C’était impressionnant, presque magique. Une technique hors du commun pour un lieu hors du commun.

Depuis combien de temps êtes-vous installés au Pôle PIXEL et que trouvez-vous dans cet environnement ?

Antoine de Bièvre : Nos bureaux sont installés depuis près d’un an au Pôle PIXEL, dans l’espace co-working du Cube. Pour nous c’est un environnement de travail idéal, la proximité immédiate avec plusieurs sociétés de production, des techniciens et des loueurs est un véritable atout. Il y a un vrai écosystème à l’œuvre, avec des compétences complémentaires et une dynamique de rencontre et d’échange.

Retrouvez toutes leurs coordonnées dans l’annuaire du Pôle PIXEL par ici.

Propos recueillis par Maxence Grugier, paru le 31 janvier 2022