L’évolution des conditions de tournage en Auvergne Rhône Alpes – Webinaire

Lundi 26 octobre dernier, le Pôle PIXEL a organisé un webinaire avec les Commissions du Film Auvergne et Rhône Alpes, à propos des conditions de tournage en temps de crise sanitaire.

 

Mené par Aurélie Malfroy Camine (responsable du bureau d’accueil des tournages et de la communication en Rhône Alpes) et Vincent Kaluza, son homologue sur l’Auvergne, ce webinaire réunissait également un peu plus d’une vingtaine de personnes, dont Géraldine Farage (Directrice du Pôle Pixel), Quentin Myon (producteur chez D’Boites, chargé de production chez Dynamo Prod et Vice-Président du Forum du cinéma), Melina Ioana Ferrante (comédienne) et des représentants d’équipes techniques tels que Gaël Chevallier (régisseur général) et Gabin Gautier (assistant régie) ainsi que différents profils de la filière.

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État des lieux : territoires, conditions et aménagements

 

Malgré les dernières réglementations en vigueur et les nombreux changements dû aux mesures sanitaires contraignantes cumulées depuis le début du mois de septembre – particulièrement depuis l’établissement du couvre feu en octobre et celui du reconfinement en novembre – la situation sanitaire n’empêche pas les équipes de travailler, ni les tournages de se faire. « C’est un bien, déclare la responsable du bureau d’accueil des tournages en Rhône Alpes, Aurélie Malfroy Camine, car la période automnale accueille de nombreux tournages. Actuellement, et depuis cet été, sont en cours plusieurs séries TV, des web séries et des longs métrages cinéma. Les mois de septembre et octobre ont donc été très chargés : il s’agissait d’accueillir l’ensemble des tournages qui ont été reportés suite au précédent confinement, auxquels viennent s’ajouter les tournages qui étaient d’ors et déjà prévus à la rentrée », ajoute l’intéressée.

 

Les tournages continuent !

 

Si ces contraintes existent, et sont bien réelles pour tout un chacun, elles n’empêchent pas aujourd’hui les équipes de travailler. En effet, les tournages sont considérés comme une activité professionnelle. C’est pourquoi ce secteur bénéficie d’arrangement. Cette activité professionnelle étant préservée, elle est maintenue au même titre que d’autres métiers aux horaires et obligations de déplacements contraignantes (et même au-delà du couvre-feu, puisqu’il s’agit du cadre très précis d’une équipe de tournage ou d’une équipe de production en activité, avec un employeur et des salariés). Les tournages en extérieur sont donc possibles, à condition de remplir les déclarations et autorisations préalables.

 

Du côté des autorisations

 

Au niveau des autorisations de tournage, Aurélie Malfroy Camine explique que rien ne change pour l’instant : « Sur Lyon et le Grand Lyon, nous nous adressons régulièrement aux services de la Ville pour obtenir les possibilités de stationnement, de tourner là où nous avons décidé de tourner – sur la voie publique, dans un appartement ou une maison. Les démarches sont toujours les mêmes et nous sommes toujours autant impressionnés par la qualité de la réponse faite par la Ville de Lyon et de la réactivité dont ils font toujours preuve, encore plus en ce moment où les plans de travail bougent du jour au lendemain et qui demandent donc beaucoup d’agilité et de disponibilités ».

 

Et de préciser tout de même que « La seule nouveauté tient dans la nécessité de remplir une déclaration auprès de la préfecture du Rhône, pour tout rassemblement de plus de 50 personnes qui serait susceptible de se tenir sur la voie publique. ». Et son homologue Vincent Kaluza d’expliquer que la mesure est aussi valable en Auvergne, à un détail près : « elle s’applique même sur un tournage de moins de 50 personnes ! ».

 

Situations délicates pour les équipes

 

Aurélie Malfroy Camine : « psychologiquement parlant il est compliqué pour un producteur de se projeter sur l’organisation d’un tournage quand on n’est pas totalement libre de ses faits et gestes, de ses déplacements et en général de l’ensemble des activités d’un plateau. » Évidemment, ce qui peut ralentir un tournage, ou provoquer certaines difficultés tient plutôt dans les conditions sanitaires au sein des équipes. Comme pour le reste de la population, la présence de cas contact ou de cas de COVID positifs au sein des équipes techniques comme au sein des équipes artistiques, nécessitent de prendre des mesures qui peuvent s’avérer délicates à gérer.

Une telle situation va imposer au producteur de revoir son plan de travail de manière à faire en sorte que le cas contact détecté puisse être isolé le temps nécessaire, sans que cela empêche de continuer à tourner un certain nombre de scènes. Pour autant la situation n’est pas si simple et cela va provoquer de nombreux décalages, des changements de lieux et de dates.

 

– « C’est dans ces moments-là que la Commission du Film doit intervenir, souvent en urgence, pour faciliter et aider, rechercher des alternatives, trouver des Plans B, des Plans C, qui pourront accueillir dans les meilleures conditions possibles des tournages qui auraient dû se trouver là à un autre moment. » ajoute Aurélie Malfroy Camine. Des problématiques que confirme Vincent Kaluza, qui a eu à gérer des situations similaires sur les plateaux en Auvergne.

 

Problèmes logistiques et réponses rationnelles

 

Le contexte sanitaire étant de plus en plus anxiogène, certaines communes sont inquiètent de voir arriver des tournages avec des équipes qu’elles peuvent parfois considérer comme un risque. C’est aussi le cas de certains lieux privés (ce qui peut s’entendre, même si cela nécessite une réorganisation des plannings et décors de tournage).

– « C’est un facteur à la fois très rationnel et facile à contre-argumenter en expliquant à quel point les équipes de tournages sont respectueuses des consignes sanitaires – dans leur intérêt comme celui des territoires investis – avec respect de la distanciation sociale et du port du masque, plus des protocoles sanitaires déterminés en amont du tournage, sans oublier la présence quasi-permanente de personnel soignant qui permet de tester sur place dès le moindre soupçon les équipes techniques et artistiques. », explique la responsable du bureau d’accueil des tournages en Rhône Alpes.

 

Pour autant, et même si l’évolution rapide et les mesures successives compliquent les projets concernant l’avenir, la filière reste relativement protégée.

– « Le cinéma et tous les métiers qui le concernent sont une des préoccupations majeures des élus et des membres du gouvernement. Nous sommes en contact direct, avec les institutions, les représentants de la culture en Région et les ministres pour faire part de nos préoccupations, valoriser et faciliter ces activités en temps de crise », conclut Aurélie Malfroy Camine. Un message entendu par tous les membres de la profession.

 

Par Maxence Grugier